Amis et contemporains

All HTML - Amis et contemporains de Paul Rougnon

I Les Maîtres de Paul Rougnon
II Les amis et collègues
III Les élèves


I Les Maîtres de Paul Rougnon

Auber
Lorsque Paul Rougnon entre au Conservatoire, le directeur en est Daniel François Esprit Auber, qui a environ 80 ans.
"Il était, du reste, un vieillard charmant, courtois, distingué, ayant été habitué à fréquenté les cours du roi Louis-Philippe et de l'empereur Napoléon III, ainsi que les milieux aristocratiques, artistiques, intellectuels, où ses mots d'esprit étaient colportés de salons en salons, de journaux en journaux. (...) Il venait au Conservatoire dans un élégant coupé, auquel était attachée une jolie bête qu'il aimait à caresser à la descente de sa voiture et en y remontant".
"...J'avais pris la liberté et sans permission préalable, de ne pas assister à la distribution des prix, à laquelle ma qualité de lauréat m'obligeait de prendre part. A la rentrée, d'Octobre, mon diplôme me fut refusé. J'en éprouvai un grand chagrin. Une bonne âme, amie d'Auber, voulut bien intercéder en ma faveur. Auber consentit à accepter mes excuses et me fit dire de passer chez lui un matin, entre 6h1/2 et 7h ! Je m'empressai de me rendre au rendez-vous dont voulait bien m'honorer la bienveillance du maître. Après un petit sermon exprimé avec fermeté, mais aussi avec une gracieuse indulgence, M le Directeur m'annonça que mon diplôme me serait remis."

Sites sur Auber :
Une page sur Musicologie.org
Auber remis en scène par Jérôme Deschamps
La page Facebook d'Auber
La gare parisienne de RER Auber, dédiée au musicien

Ambroise Thomas
"Ambroise Thomas s'adjoignit, comme secrétaire général, Emile Réty, ancien élève du Conservatoire. Un vieil aphorisme dit que parfois deux extrêmes se touchent ; ce qui nous apprend que deux éléments contraires peuvent parvenir à s'harmoniser. C'est ce qui eut lieu entre Ambroise Thomas et Emile Réty. (...) Ambroise Thomas plus artiste qu'administrateur, se laissant influencer par les questions de sentiment ; Emile Réty, administrateur de premier ordre, doué d'une volonté autoritaire et absolue, nullement sentimental et type accompli du fonctionnaire esclave des règlements et des statuts ; Ambroise Thomas d'une distinction aristocratique pleine de charme, toujours courtois et admirablement accueillant ; Emile Réty, correct mais glacial. Ambroise Thomas, avec son désir de répondre favorablement aux sollicitations qui lui étaient adressées, se montrait souvent hésitant à prendre une décision : "Allez voir M. Réty, disait-il, il saura vous renseigner mieux que moi sur la possibilité de vous donner satisfaction. Personnellement, je serais très heureux de pouvoir vous être agréable." Et le solliciteur sortait du cabinet directorial le cœur plein d'espoir ; sortant du cabinet de M. Réty, il était immédiatement fixé sur son sort..."

Sites sur Thomas :
Un article de la médiathèque de la Cité de la Musique
Une vidéo de la musique de Mignon, de Thomas, "connais-tu le pays ?"
La page Facebook d'Ambroise Thomas
Et l'on peut aller flâner dans la rue Ambroise Thomas, du neuvième arrondissement de Paris...

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Antoine François Marmontel

"La réputation de ce maître distingué était mondiale et le titre d'élève

de Marmontel constituait un brevet de capacité dont usaient amplement une quantité de professeurs modestes qui ne manquaient pas d'inscrire sur leur carte la si recommandable mention : Élève de Marmontel.

Petit de taille, mais avec une fort belle tête, Marmontel était un charmeur par sa courtoisie caressante et enveloppante qui ne fut pas sans contribuer à son succès. Le nombre de ses élèves fut considérable. (...) Il écrivait fort bien et ses pensées musicales avaient du charme et de la distinction. Mais rien de tout cela n'a eu de succès durable parce que cette musique, quelque fût son très réel mérite, n'était pas assez difficile pour les virtuoses, tout en étant trop difficile pour les amateurs. (...) Marmontel adorait la peinture avec passion et avait formé avec goût et clairvoyance une collection superbe de tableaux de maîtres modernes. Une première collection fut vendue un prix très élevé et il en recommença une nouvelle".

Sites sur Marmontel :
Marmontel joué par le pianiste Hayashikawa Takashi :





François Bazin

"Bazin était un pédagogue de premier ordre et savait diriger sa classe avec un esprit méthodique et éclairé qui lui valut des succès prolongés. Il admettait difficilement les infractions aux règles de la science et de la tradition. Les élèves ayant un esprit un peu indépendant se soumettaient difficilement à cet enseignement. (...) Bazin avait le port majestueux : grand, bel homme, la taille droite avec le buste et la tête bien rejetés en arrière ; très brin, il avait plutôt l'apparence d'un haut fonctionnaire ou encore d'un magistrat que d'un artiste. Quand il entrait dans la classe, son aspect imposait le respect aux élèves. Une discipline assez sévère était observée. Aussi, quand il s'absentait pendant quelques minutes, les élèves ne manquaient pas de s'agiter pour se détendre les nerfs".

Sites sur Bazin :



  Édouard Batiste
"Édouard Batiste était un des organistes les plus réputés de Paris et tenait le grand orgue à l'église Saint-Eustache. Je suis monté souvent à cet orgue merveilleux, chef d’œuvre du facteur Merklin. J'éprouvais toujours une indicible émotion en écoutant mon maître dans les belles improvisations où l'on reconnaissait à la fois la clarté charmeuse de l'école française et la science harmonique de l'école allemande".



Une très belle interprétation de son thème Élévation, par Arjan van Hees :


César Franck
"César Franck avait un peu l'aspect d'un ecclésiastique habillé en civil. Sur sa figure, qui n'était pas sans avoir quelque ressemblance avec celle de Beethoven, brillaient deux grands yeux pleins de vie et de profondeur. Ses lèvres serrées indiquaient la volonté et l'énergie de son caractère. Il avait une voix grave et parlait toujours avec douceur. Dans les leçons qu'il donnait à ses élèves, il insinuait ses conseils plutôt qu'il ne les imposait et savait quand même se faire écouter, tant on admirait la solidité de son enseignement et de ses doctrines !"




Sites sur César Franck :
Le site des admirateurs : univers franckiste



Rossini


"Rossini avait prié Marmontel de lui envoyer quelques jeunes élèves, quelques bambini, bons lecteurs, pour lui faire entendre ses morceaux de piano. J'avais eu l'honneur d'être un de ces bambini.

Notre émotion fut grande en nous présentant devant le maître. Rossini habitait boulevard des Italiens. Je le vois encore, assis dans un fauteuil au milieu de son salon, les mains appuyées sur une longue canne, la tête et le buste bien campés en arrière. Nous fûmes accueillis avec un bon sourire fin, légèrement narquois et aussi avec quelques petites paroles plaisantes qui eurent le don de calmer un peu notre timidité. L'audition de ses morceaux de piano eut lieu à son entière satisfaction.

Pour nous témoigner sa gratitude, Rossini nous envoya sa photographie, avec quelques mots signés de lui. J'ai conservé rpécieusement cette photographie, sur laquelle il avait bien voulu écrire : "A mon collègue Paul Rougnon, Giacomo Rossini..." Mes camarades et moi, nous comprîmes parfaitement la spirituelle allure d'ironie de cette dédicace, mais nous n'en fûmes pas moins secrètement flattés de la posséder".

Sites sur Rossini

L'ouverture du Barbier de Séville :

Le duo des chats par les petits chanteurs de la Croix de Bois, en concert à Séoul...



II Les amis et collègues


Théodore Dubois

 













Sites sur Théodore Dubois :
La page de Musimem sur le professeur Dubois
Fiat Lux, de Théodore Dubois, joué par James Culp :



Jules Massenet
Paul Rougnon siège aux côtés de Jules Massenet (et d'autres), lors de concerts populaires dans le cadre de l'Orphéon, comme on peut le lire dans un article de La Dépêche d'Eure et Loire du premier juin 1908, sur cette page.
Un texte de souvenirs sur Jules Massenet, par Alfred Bruneau, est lisible ici.

Raoul Pugno et Antonin Marmontel













 Raoul Pugno

"Les pianistes Raoul Pugno et Antonin Marmontel figuraient également parmi mes meilleurs amis de la classe...
Raoul Pugno, après avoir été un petit pianiste prodige, devint un grand virtuose, dont les succès se répandirent dans le monde entier. Sa virtuosité faite de grâce, de charme, de fantaisie personnelle, le plaça à un rang élevé dans l’École pianistique française. Il mourut peu âgé, dans un voyage artistique à Saint-Pétersbourg.
Antonin Marmontel hérita des qualités de professeur de son père, le célèbre professeur du Conservatoire. Sa nature vibrante, exubérante, son esprit distingué et cultivé, le rendaient sympathiques à tous. Je me souviens qu'un soir, au début du mois d'Août en 1870, il vint me chercher chez moi et m'entraîna sur les boulevards, pour assister aux manifestations provoquées par la déclaration de guerre. Tandis que Marmontel exultait en entendant crier à Berlin ! à Berlin ! par une foule en délire, moi j'éprouvais comme une sorte d'impression pénible que je ne pouvais définir en écourant tous ces cris qui me semblaient fatidiques ! Je m'empressai de laisser mon ami au milieu de ces hurlements populaires et je rentrai tout troublé chez moi. Un mois après, se produisait le désastre de Sedan, puis la chute de l'Empire et l’établissement de la Troisième République."










Antonin Marmontel






III Les élèves

Parmi les élèves qui fréquentent ses classes de solfège, de fugue, de contrepoint, et que Paul chérit plus que tout comme en témoignent ses Souvenirs, citons :

Alfred Cortot
"Mon jeune élève avait quelque chose de câlin, de naturel et aussi de vif, de nerveux, qui attiraient vers lui la plus paternelle sympathie".














Ci-dessous, nous reproduisons des extraits de la biographie d'Alfred Cortot, devenu très célèbre, par Bernard Gavoty






Paul Garbagni
Garbani devint directeur du théâtre des Capucines. Ensuite il est devenu cinéaste chez Pathé.

Marcel Chadeigne
"Marcel Chadeigne fut aussi un petit prodige par la rapidité de ses progrès".

Edmond Malherbe
"Avec une forme encore inexpérimentée, on reconnaissait (...) une imagination abondante laissant prévoir d'heureuses facultés créatrices qui se justifièrent plus tard brillamment en obtenant le grand-prix de Rome".

André Bloch
"André Bloch fut à ma classe une des perles précieuses de mon riche écrin, tant ses progrès furent rapides. Mince, frêle, mais nerveux et résistant, mon petit Bloch, comme je l'appelais quant il était mon élève, fut bien le type le plus parfait de l'enfant prodige, car tout ce qu'il apprenait semblait déjà séjourner dans son petit cerveau, merveilleusement organisé".

Paul Toulmouche

Robert Lortat
On entend Robert Lortat jouer ici :


Armand Ferté
Il "fut également un de mes petits prodiges bien-aimés. Il était alors frêle et mince. Il est devenu le bel homme que tout le monde connaît dans notre Société artistique parisienne".

Marcel Ciampi
"A côté du célèbre pianiste, Marcel Ciampi, je tiens également à citer le nom de sa charmante sœur, Mme Ritter-Ciampi, qui fut également mon élève, et qui se fit remarquer par la grâce et la virtuosité de son chant à l'Opéra et à l'Opéra-Comique".
Désiré Ingelbrecht
"Désiré Ingelbrecht, que j'appelais mon petit Zizir, menu, nerveux au moment où il obtint la première récompense dans ma classe, devint un compositeur distingué d’œuvres dans lesquelles se remarquent d’ingénieuses recherches vers un idéal d'art indépendant".

Henri Mulet
Un carillon composé par Henri Mulet :


André Laporte et Van Lysebeth
"Je n'omettrai pas de nommer mon cher André Laporte, lui aussi Prix de Rome, qui mourut victime de cette horrible guerre qui a causé tant de deuils. Comme lui, son camarade de ma classe, Van Lysebeth, fils du réputé maître de chapelle de Notre-Dame des Victoires, est mort pendant la guerre, d'un accident d'aviation".


Dorel
Dorel "fit toute sa carrière aux orchestres de Monte-Carlo et de Nice, où son grand talent provoqua l'admiration de ses chefs et des dilettantes. Ce bon Dorel était également un danseur de ballet très habile. Toutes les fois qu'il arrivait à la classe, il ne manquait jamais, en entrant, de venir me serrer la main en faisant de légers et élégants entrechats, avec une physionomie d'une courtoisie affectée tout à fait comique !"

Henri Mayer
"Je comptais parmi mes élèves un charmant jeune homme qui, plus tard, devint un des plus distingués sociétaires de la Comédie française. Henri Mayer, car c'était lui, se souvient-il à présent, qu'avant d'adorer Thalie à la maison de Molière, il venait au Conservatoire déposer quelques fleurs sur l'autel d'Euterpe ?"

Noël Gallon
"Noël Gallon fut un de mes enfants les plus aimés".

Fernand Oubradous
L'article de l'encyclopédie Universalis sur Oubradous
Un site anglophone sur Fernand Oubradous

Encore d'autres élèves qui firent carrière :
Dorival
Verd

Kartun
Robert Casadesus
P. Maréchal
Paul Bédouin
Boisard
Georges Bondon
Gustave Galland
A. Dufour
Raoul Pickaert
Leonardi
Pillard
Février
Lautemann
Moreau


Parmi ceux qui sont devenus professeurs dans les conservatoires de la ville de Paris :
Bertain
Haeck
Picard
Chavannes
Henri Bédouin
Gilbert

Parmi ceux qui devinrent chefs de musique de l'armée :

Gésus
Etesse
Parès
Comès
Hiver

Maurice Reuchsel
(Fils de Léon Reuchsel).

Parmi ceux qui devinrent professeurs au Conservatoire de Paris :
Ernest Gillet (hautbois)
Merri Franquin (trompette)
Alexandre Petit (cornet à piston)
"Ces deux artistes distingués ont voulu apporter des adjonctions intéressantes à leurs instruments, destinés à en assurer la justesse et à en faciliter l'exécution. N'ayant pas l'avantage de jouer de la Trompette ni du Cornet à piston, il m'est impossible de déclarer ex professo l'utilité de ces adjonctions, mais j'en ai entendu vanter les mérites, par de distingués trompettistes et cornettistes".